Le livre de Job
Connaissez-vous le livre de la Bible intitulé « Job » ? Il raconte l’histoire d’un personnage, appelé Job, un prince d’Idumée à la fois très riche et très juste.
La richesse peut sembler difficile à concilier avec la sainteté. Cependant, elles ne sont pas incompatibles ; Job en était l’illustration. Quoique immensément riche, il était un saint homme, craignant Dieu et se gardant de faire le mal.
Satan, cependant, accusa Job d’hypocrisie. — Satan est un mot hébreu (שתן sa-tan’) qui signifie « accuser » ou « être l’adversaire » ; il signifie aussi par antonomase le démon, l’adversaire de Dieu et du genre humain. — Satan accuse donc Job de manquer de sincérité car, selon lui, il serait trop facile d’être juste et saint lorsque la chance et le bonheur terrestre sont au rendez-vous. Mais si Job venait à perdre ce bonheur et ce bien-être, est-ce qu’il sera toujours aussi juste et ne se mettra-t-il pas à maudire Dieu ou, comme on le ferait aujourd’hui, à ne plus croire en Lui ?
Comment peut-on croire en Dieu, lorsque l’on voit tant de misères et de méchancetés autour de soi ? C’est une question contemporaine bien fréquente.
Pour en revenir au livre de Job, Dieu permit que Satan le tentât par des tribulations inouïes. En peu de jours, ses immenses possessions lui furent enlevées, la mort le priva de sa nombreuse famille, et lui-même fut frappé dans tout son corps d’un ulcère affreux. Job, abattu par tant de disgrâces, ne pécha pas par impatience. Il se jeta la face contre terre et dit : « Le Seigneur m’avait donné, le Seigneur m’a enlevé, que son saint Nom soit béni ». Dieu, en récompense de sa résignation, le bénit, et, lui rendant la santé, il lui donna plus de prospérité qu’auparavant.
Job est donc le modèle de patience dans les misères les plus grandes de la vie. Mais l’histoire de Job est plus que cela. Elle est une parabole qui illustre l’histoire de l’humanité, l’histoire de la vie chrétienne, l’histoire que tout baptisé parvenant au Ciel écrit au cours de son existence.
Job et l’humanité déchue
Job représente l’humanité tout entière que Dieu a créée dans la richesse d’un bonheur terrestre mais en vue du bonheur éternel.
Satan eut la permission de la tenter et, à l’heure de l’épreuve, nos premiers parents Adam et Ève ont privé leurs descendants, c’est-à-dire l’humanité entière, du paradis terrestre.
Contrairement à Job, nos premiers parents ont péché et nous ont transmis une nature humaine coupable.
Mais les hommes, même s’ils ont besoin d’être lavés par le baptême de cette faute originelle, ne partagent pas cette faute personnelle ; ils sont un peu comme Job, frappés de malheur à cause de Satan, à cause de l’accusateur qui prétend qu’il est trop facile d’aimer Dieu dans le paradis terrestre.
Tous les hommes naissent alors avec le triple ulcère de la concupiscence : une blessure dans le cœur qui fait rechercher des plaisirs sensibles désordonnés, une blessure dans l’âme qui fait désirer des biens désordonnés, une blessure dans l’esprit qui pousse à vouloir dominer le monde, en particulier par la richesse.
Car tout ce qui est dans le monde, la concupiscence de la chair, la concupiscence des yeux, et l’orgueil de la vie, ne vient point du Père, mais du monde.
Première épitre de saint Jean, chap. II, v. 16
Cette humanité déchue doit donc patienter, ne pas se révolter, et elle recevra comme récompense non seulement le bonheur éternel promis qu’elle avait perdue mais aussi les biens supérieurs de l’Incarnation et de la Rédemption.
Par l’Incarnation, la nature humaine recevra en la personne de Jésus-Christ, la seconde personne de la Trinité, l’honneur d’être unie à la nature divine.
Le bonheur retrouvé de l’humanité déchue sera donc bien supérieur à celui qu’elle avait perdu. Le nouvel Adam (le Christ) et la nouvelle Ève (la Sainte Vierge) sont une récompense à la patience de l’humanité qui gémit dans les douleurs semblables aux douleurs d’un enfantement. Ces douleurs, loin de donner la mort, procurent la vie.
Car j’estime que les souffrances du temps présent sont sans proportion avec la gloire à venir qui sera manifestée en nous. Aussi la création attend-elle avec un ardent désir la manifestation des enfants de Dieu. La création, en effet, a été assujettie à la vanité, — non de son gré, mais par la volonté de celui qui l’y a soumise, — avec l’espérance qu’elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu. Car nous savons que, jusqu’à ce jour, la création tout entière gémit et souffre les douleurs de l’enfantement. (…) Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec patience.
Épître de saint Paul aux Romains, chap. VIII, v. 18-22, 25
Job, le Christ et le chrétien
Job est également l’image du Christ que le chrétien doit imiter et auquel il doit s’unir pour être sauvé.
Jésus-Christ est la seconde personne de la Sainte-Trinité qui s’est incarné, qui s’est fait homme pour nous sauver. Par sa nature divine, son bonheur et sa richesse sont infinis. Mais, dans sa nature humaine, il s’est revêtu du péché des hommes.
Il n’a pas souffert de la triple concupiscence, mais il a souffert des peines de la vie terrestre de l’humanité déchue. Il a surtout souffert des terribles blessures de sa Passion et de sa mort sur la Croix. Durant sa Passion, il a souffert en particulier de l’abandon des siens et de la trahison.
Ces ulcères, les hommes les subissent également, chacun dans des proportions plus ou moins grandes. Si ces souffrances sont unies à celles du Christ, elles auront une valeur rédemptrice. Nos souffrances offertes à Dieu ne sont pas suffisamment dignes pour réparer le mal du péché. Unies à celles du Christ, par la charité, la prière et les sacrements, elles nous mériteront le bonheur éternel.
Soyons patients avec Job, avec le Christ souffrant, nous aurons déjà sur terre la récompense de la paix intérieure et, si nous sommes fidèles jusqu’à la fin de notre vie terrestre, le bonheur éternel avec les anges et tous les saints.